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Lettre trimestrielle des écoles maternelles N°2 : la place du jeu à l'école maternelle

Lettre trimestrielle des écoles maternelles N°2 : la place du jeu à l'école maternelle

Laissez les enfants jouer ! Les enfants apprennent-ils en jouant ?

- Éditorial

La question peut paraître surprenante, tant les travaux sont nombreux sur le jeu chez l'enfant. Cependant, les recherches examinant l'impact des jeux et de leurs processus sur les divers aspects du développement et des apprentissages cognitifs, sociaux et scolaires, sont encore peu nombreuses. Que nous apprennent les travaux disponibles ?

Quels jeux pour quelles compétences ?
Des chercheurs anglo-saxons ont montré que la pratique de jeux physiques pendant les temps de récréation aide les jeunes enfants, et surtout les garçons, à mieux se concentrer dans les activités cognitives (lecture, mathématiques). Les jeux avec les objets développent les capacités d'exploration, de création et de résolution de problèmes. Les jeux symboliques aideraient au développement de la théorie de l'esprit (à partir de 3-4 ans), dans la mesure où ils font appel aux représentations des connaissances et des états mentaux d'autrui. Les jeux dirigés, qui entretiennent les habiletés d'attention, d'inhibition et de résolution de problèmes auraient un impact sur les résultats des jeunes enfants en lecture (comme les jeux de rimes, de listes de courses, de « lecture » de livres à son ours en peluche) et en mathématiques (exploration de modèles et de formes, jeux d'énumération, jeux de société).
Jeux libres et jeux dirigés aident les enfants à développer leurs compétences sociales et d'autorégulation de leur propre comportement, de leur stress, de leur anxiété et de leurs émotions. Ils favorisent la confiance en soi ; ils permettent de coopérer et de négocier, d'apprendre à se soumettre à des règles.
Cependant, il semble que le jeu soit un peu dévalué aujourd'hui. Selon David Elkind, professeur américain en psychologie de l'enfant, les enfants auraient perdu huit heures de jeu libre et spontané par semaine, alors que la durée hebdomadaire des loisirs passifs (regarder les autres faire, regarder une vidéo) serait passée de trente minutes à trois heures, sans compter le temps consacré à regarder la télévision (supérieur aujourd'hui en France à 2 heures quotidiennes par enfant dès l'âge de 4 ans).
Si de fait la prévention des difficultés et la réduction de l'effet des inégalités sociales, linguistiques et culturelles sur les apprentissages est un objectif majeur légitime pour les années à venir, le jeu est sans doute une situation qui mérite d'être (re)valorisée à l'école pour atteindre cet objectif.
Rappelons enfin que le droit de jouer est inscrit dans la Convention internationale des droits de l'enfant (article 31). Laissez les enfants jouer !

Agnès Florin
Professeur de Psychologie de l'enfant et de
l'éducation - Université de Nantes
Type :
Ressources pédagogiques
Thématique :
Pédagogie - enseignement
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Rédigé par Nicolas Charles

M.A.J. le 03/09/2019