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Concept Habiter Géographie




Habiter : un concept fédérateur en géographie

 
Valérie Bodineau, Formatrice Histoire Géographie à l'ESPE du Mans

Le concept d’Habiter est apparu dans les années 2000 dans la recherche géographique (Mathis Stock, 2004, Olivier Lazzaroti, 2006) et s’appuie sur la phénoménologie qui a inspiré le cultural turn des années 80 dans les sciences humaines et a contribué à l’expansion de la géographie culturelle en France. Le concept permet d’intégrer à la fois les pratiques spatiales des individus mais également leurs perceptions et représentations spatiales. Dans un monde où la révolution des transports et les nouvelles technologies de l’information et de la communication conduisent à une explosion des mobilités à la fois dans le cadre des activités de production mais aussi de loisirs, Habiter ne peut se penser seulement à une échelle du quotidien mais bien de manière transcalaire : les échelles de l’Habiter s’entrecroisent de nos lieux de travail, de loisirs ou de tourisme !

L’approche conduit à envisager la géographie sous l’angle des sociétés et particulièrement des pratiques des individus et des groupes sociaux et non plus sous le seul angle spatial : les représentations spatiales, les comportements conduisent à une appropriation des territoires et des mobilités spécifiques ; ils sont producteurs d’espaces.

Du point de vue scolaire, le concept est fécond car il prend appui sur les expériences spatiales des élèves, intégrant à la fois leurs pratiques et usages, mais il permet d’intégrer à la fois une dimension transcalaire et temporelle. Partir de l’étude de leurs pratiques spatiales, c’est aussi prendre conscience des temporalités de ces pratiques : le temps du travail, celui des loisirs ou du tourisme, celui de services comme le commerce ou la santé impliquent des lieux spécifiques, aménagées, perçus positivement ou négativement...
Cette géographie se veut centrée sur l’homme dans sa singularité à la fois comme un être agissant sous l’empire de la raison mais aussi des sentiments. C’est une géographie « humaniste » = une vision sensible du monde, en réaction à la logique néopositiviste, réponse à une géographie jugée trop abstraite, dogmatique. La géographie humaniste met l’accent sur l’étude des intentions, des valeurs d’un groupe humain (« l’espace vécu = monde de l’expérience immédiate » André Louis Sanguin, Approche phénoménologique des lieux, des paysages, des espaces, Annales de géographie, 1981). La phénoménologie, courant philosophique est une des bases de cette démarche géographique. Elle affirme les valeurs humaines face aux valeurs matérielles, économiques, idéologiques ou politiques (voir la philosophie existentialiste de Sartre, 1968), l’homme seul est la mesure de toute chose. Philosophie de l’existence, de l’expérience vécue, anti scientiste, elle rejette l’attitude qui prétend résoudre tout problème par la science.

Cela débouche sur une description du monde qui englobe perceptions, rêves, mémoires et un rejet de tout énoncé de loi à posteriori ou d’analyse préétablie.
La science n’est pas le seul moyen pour comprendre le monde, les sentiments, les émotions, les sens le sont aussi ! Gaston Bachelard 1884-1962.
 
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Rédigé par Sophie Brothier

M.A.J. le 17/01/2019