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La sécurité affective : les enjeux

Définition et enjeux

Fabien Bacro Maître de conférences à l’UFR Psychologie à Nantes

Atelier Canopé : Comment peut-on définir la sécurité affective et les relations d’attachement ? Est-ce seulement avec les parents ?

Fabien Bacro : Les enfants développent des relations d’attachement avec les personnes qui prennent soin d’eux habituellement et qui répondent à leur besoins d’affection, de proximité et de réconfort. La sécurité affective, elle, découle des réponses des adultes à ces différents besoins. Elle correspond au sentiment d’être compris, important et unique, que les enfants vont intérioriser au fil des échanges avec les personnes importantes pour eux. Bien que les chercheurs se soient longtemps focalisés sur la relation à la mère, on sait désormais que les enfants développent de véritables relations d’attachement avec d’autres adultes et même avec des enfants, à condition que ces personnes soient amenées à prendre soin d’eux régulièrement. Ces relations d’attachement, qu’elles concernent le père, les grands-parents, les frères et sœurs ou même les éducateurs et les enseignants, ont toutes un rôle à jouer dans le développement de ce sentiment de sécurité si important pour la suite de leur développement.

A. C. : En quoi ces relations et la sécurité affective sont-elles si importantes en maternelle ? Ont-elles, par la suite, un impact sur l’apprentissage scolaire ? 

F. B. : À l’âge auquel ils fréquentent l’école maternelle, les enfants ont encore un besoin quasi physiologique de pouvoir compter sur les adultes à proximité. Si la plupart des parents et des professionnels fournissent déjà aux enfants les bases d’un tel sentiment de sécurité, celui-ci continue à évoluer et va même se consolider au cours des années de maternelle. Pour les chercheurs, l’attachement est très lié à l’exploration et donc aux apprentissages. Il faut que l’enfant se sente suffisamment en sécurité pour que son attention se détourne de ses besoins de proximité et de réconfort. Si ce n’est pas le cas, celui-ci sera constamment préoccupé par la présence des adultes à ses côtés et ne pourra pas s’investir pleinement dans les activités proposées.
                                                                                              Interview réalisée par Atelier Canopé 53 - Laval

Sécurité affective et apprentissages

Selon les découvertes en neurosciences, la sécurité affective apparaît comme une nécessité pour un développement optimal des élèves. Comment enseigner les compétences sociales et émotionnelles aux élèves ? En commençant par renforcer l’auto-empathie de l’enseignant pour lui-même ?
Spécialisée dans le soutien à la parentalité, Catherine Guéguen s’est formée à la communication non violente. Elle s’appuie sur les neurosciences affectives et sociales pour proposer des rapports apaisés et bienveillants entre adultes et enfants.
Pour aller plus loin : enregistrement du webinaire
Vidéo de présentation : cliquez sur l'image
Montessorienne, diplômée en sciences de l’éducation, Christine Schuhl est éducatrice de jeunes enfants. Elle analyse les « douces violences », qu’on retrouve dans toutes les situations d’éducation, et propose des pistes pour y remédier. Site de C. SCHUHL

Dossier thématique Réseau Canopé
Vidéo de présentation : cliquez sur l'image

L'estime de soi par le développement de l'empathie ainsi que le devenir élève (apprentissages et vivre ensemble)  sont deux enjeux de la sécurité affective.

Les douces violences

La sécurité affective est souvent égratignée lors des situations de « douce violence », bloquant le circuit des apprentissages chez l’élève. Pour favoriser un climat bienveillant, il s’agit donc de repérer ces moments et d’y remédier. Comment transformer sa posture professionnelle et l’environnement des élèves dans ce but ?

Christine Schuhl

 Dossier thématique Réseau Canopé
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Quelles sont les douces violences?

Jean Michel PEREZ, Maître de Conférences, Sciences de l'éducation Université de Lorraine clarifie ces douces violences lors d'un débat en appui sur les travaux de C. Schuhl.
Pour voir le diaporama en lien avec le débat, cliquez ici
La douce violence : un processus de violence

  • dans les pratiques parentales, éducatives, professionnelles,
  • au coeur de la relation "adulte, enfant",
  • dans les relations entre un éducateur, parent, enseignant, formateur, animateur, assistante maternelle, personnel de cantine etc... et un éduqué (celui qui advient).

Les différents temps de la journée (l’accueil, le jeu, le repas, le soin, le sommeil, au fil de la journée) sont impactés par les douces violences.
Quelques exemples:

L’accueil (du matin et du soir):
  • parler de l’enfant à la troisième personne, alors que l’enfant est au milieu de la transmission,
  • critiquer ouvertement un parent qui vient de partir, devant son enfant (commentaire sur la ponctualité, les tenues vestimentaires, les habitudes parentales),
  • retirer systématiquement le doudou dès que l’enfant arrive,
  • rompre des retrouvailles entre l’enfant et l’adulte qui vient chercher l’enfant.
Le jeu:
  • forcer l’enfant à faire une activité.
  • presser l’enfant.
  • commenter négativement les acquisitions de l’enfant.
  • comparer les enfants entre eux.
  • Ne pas laisser un enfant emporter un dessin (parce que ce dessin doit impérativement être dans le « dossier » de l’enfant).
  • culpabiliser l’enfant parce qu’il refuse une activité.
  • retirer systématiquement le doudou durant toute l’activité.
Le sommeil:
  • forcer un enfant à dormir.
  • ne pas coucher l’enfant lorsqu’il a sommeil.
  • réveiller rapidement un enfant qui dort sans explicitation.
  • discuter à haute voix alors que les enfants essaient de s’endormir ou dorment.
  • laisser les enfants dans leur lit lorsqu’ils sont bien réveillés pour attendre que tous les autres enfants soient réveillés.
Au fil de la journée:
  • appeler les enfants uniquement par des surnoms ne respectant pas leur véritable identité.
  • juger par la dévalorisation.
  • parler à l’enfant à la troisième personne          (« Sébastien n’est pas gentil, il a encore tout renversé ! »).
      
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Rédigé par Veronique Champion

M.A.J. le 13/05/2025