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COMMENT DEVELOPPER LES COMPETENCES LANGAGIERES DES ELEVES ?

1. DÉVELOPPER DES COMPÉTENCES LANGAGIÈRES


  • Parler
  • Parler dans le thème
  • Parler longtemps
Compétences langagières expertes
  • Prendre la parole
  • Parler à propos
  • Parler suffisamment
PARLER : effectivement en classe, en situation scolaire d'apprentissage en respectant les règles conversationnelles)
PARLER DANS LE THEME : savoir orienter son esprit par rapport au thème proposé par l'adulte, être attentif
PARLER LONGTEMPS : produire des énoncés qui enchaînent 3 ou 4 propositions (les contraintes syntaxiques, les temps, les connecteurs, apparaissent lors de l'allongement de la phrase)

2. CHOIX PÉDAGOGIQUES

LA POSTURE DE L'ENSEIGNANT
La posture en retrait que l'enseignant adopte lui donne la possibilité d'écouter ses élèves. L'enseignant cible ses  questions et interroge tous les élèves qui lèvent le doigt.  La priorité est donnée à la construction progressive d'une réponse plutôt qu'à une réponse directe en quelques  mots.  Au cours d'une séance, les élèves doivent écouter les questions de l'enseignant, s'écouter entre eux, participer  tout au long de la séance, contrôler leur discours au moment de son énonciation mais contrôler aussi leur propos  en revenant dessus pour l'améliorer ou le reformuler au fil de la séance.

PRINCIPES
    • laisser le temps aux élèves de parler (l'enseignant se tait, posture en retrait avec moins de 50% du temps de parole. Tous les élèves qui lèvent le doigt sont interrogés. Ne rien dire aux élèves qui répètent ce qui a  déjà  été  dit. L'évaluation  est  dite  différée  car  elle  attend  une  succession  de  réponses  produites  par  interactions entre pairs (ex : Q - R - R - R - R - Q  dialogue pédagogique à évaluation différée DPED).

    • l'étayage entre enfants repose sur l'hétérogénéité du groupe. Il fonctionne par proximité. Le groupe doit être assez nombreux pour que chaque élève trouve des modèles proches de ses propres compétences. Le degré d'hétérogénéité doit donc être faible entre deux élèves considérés.

3. LES SUPPORTS

1/3 d'albums (riches en écrit et pas seulement au présent ou avec dialogue), 1/3 d'histoires  racontées, 1/3 d'histoires lues (privilégier les contes traditionnels).

L'IMAGE OU L'ILLUSTRATION
Pour l'enseignant à l'école maternelle, l'illustration ou l'image constitue un leurre fascinant, elle donne l'occasion de faire parler tous les élèves mais le résultat s'avère toujours très pauvre. Parce que parler d'une image c'est maîtriser le vocabulaire qui permet d'en parler pour en décrire ou caractériser les éléments constitutifs (ce que l'image ne donne pas) des mots, une syntaxe, des temps, des possibles narratifs. Toutes compétences qui doivent déjà être possédées pour pouvoir accomplir ce qui est demandé.
Elle représente un obstacle pour les élèves petits parleurs.
Parler d'une image c'est être capable de la mettre en vie, ou plus savamment en temporalité. C'est faire un double travail : la mettre en vie puis l'imaginer cela et enfin la verbaliser.
La présence des images sous les yeux des élèves les détourne logiquement de l'écoute de leurs camarades et de l'écoute de l'histoire. La situation mise en place induit l'idée qu'il faut regarder pour parler et que ce qui est à dire se trouve en quelque sorte « présent » dans l'image. Les petits parleurs répondent fidèlement à cette demande.
L'illustration entraîne l'usage du présent et des formulations courtes. Pour aller vers l'allongement de prise de parole, l'utilisation de formes au passé composé et à l'imparfait est incontournable pour permettre d'aligner plusieurspropositions.

4. LES QUESTIONNEMENTS DE L'ENSEIGNANT

Le questionnement de l'enseignant est déterminant et est régi par les deux objectifs suivants :

A) FAIRE RESTITUER AUX ELEVES DES ELEMENTS DE L'HISTOIRE (la chronologie n'est pas l'objectif premier des séances)
Questions factuelles (ce dont on se rappelle)
  1. De quoi vous souvenez vous ?
  2. Est-ce que vous vous souvenez d'autre chose ?
  3. Est-ce que l'on a tout dit sur  cette histoire ?
  4. Est-ce que l'on a tout dit ?

B) FAIRE DIRE  AUX ELEVES CE  QU'ILS  PENSENT  DES  PERSONNAGES  ET DIRE  CE  QU'ILS  AURAIENT  FAIT  A  LEUR  PLACE
  
(Comprendre  l'histoire)
Maintenant, j aimerais savoir ce que vous pensez de ... (personnage de l'histoire) 
  1. Que peut-on dire de ... (personnage de l'histoire)
  2. Qu est-ce qu il voulait ?
  3. Qu auriez-vous fait si vous étiez ...
  4. Qu'est-ce que vous pensez de ...
    • QUESTIONS DE COMPREHENSION (départ du héros, propriété des personnages, ruses, chronologie )
    • QUESTIONS D'INTERPRETATION (hypothèses, changements de point de vue, sens ou morale du récit.
    • QUESTIONS DE CHRONOLOGIE à la 3ème séance sur un même récit après les questions sur la compréhension)

5. LES PRINCIPES A NE PAS OUBLIER

PRINCIPE DE QUESTIONNEMENT COLLECTIF : mobiliser l'ensemble des élèves dans la réflexion, la tâche à accomplir  (principe du questionnement collectif) et évaluer le travail de manière collective  (vous avez dit que...je vais vous  poser  une  question... ;  éviter  de  rebondir  sur  telle  ou  telle  réponse  car  cela  a  pour  effet  d'engager  une  conversation avec l'élève dont les autres sont exclus. 

PRINCIPE DE REPETITION : poser moins de questions mais les répéter éventuellement .

PRINCIPE DE CLARTE COGNITIVE : il est important de théâtraliser le questionnement, dire que l'on va poser une question et qu'on va écouter les réponses. Réfléchir aux questions et trouver des réponses est un vrai travail. Il faut définir la tâche intellectuelle à accomplir en termes concrets « donc vous avez bien écouté ». Poser une questionqui initie une phase de réflexion (peu de questions).
Le « système des jetons » : l'élève qui prend la parole reçoit un jeton. A la fin de la séance, les élèves annoncent combien ils ont de jetons et évaluent leur participation.

PRINCIPE D'EXHAUSTIVITE : demander aux élèves après une suite de réponses si « l'on n'a rien oublié » ou si « l'on  peut se rappeler d'autre chose »  notion de centration thématique et de pertinence

PRINCIPE DE NON-REPONSE : l'enseignant ne donne pas de réponse aux questions qu'il pose. Si les élèves ne trouvent pas la réponse, ils relisent ou redisent le passage dans lequel «en écoutant bien on trouvera la réponse». Ils reviennent au texte chaque fois que c'est nécessaire

6. REPONSES DES ELEVES

Pour la construction de leurs énoncés, les élèves (ré) utilisent un matériel verbal qu'ils puisent à trois sources qui sont dans l'ordre : les autres élèves, les éléments du texte, l'enseignant.

LE SILENCE : quand l'enseignant pose de vraies questions qui font réfléchir, les réponses ne viennent pas tout de  suite, l'écoute des autres élèves et le silence sont des outils qui permettront de les construire. 
 
DE NON REPONSE : demander au locuteur de préciser son propos quand il n'est pas compréhensible

PRINCIPE DE REPETITION : ne rien dire sur les répétitions des réponses, les reprises et les reformulations qui sont le  seul moyen pour les petits parleurs d'intégrer le groupe, de favoriser l'écoute entre élèves, l'étayage et le travail  collectif.
« Interdire de répéter, c'est interdire de comprendre » .

7. L'ALLONGEMENT DE L'ENONCE DES ELEVES

GSPetits parleurs
Moyens parleurs
Grands parleurs
Nombre de mots en moyenne
5 mots (correspond à des PS)
7 ou 8 mots (correspond à des MS)A partir de 11 mots (au moins 3 propositions)
14 mots (objectif de fin de grande section)

 Groupe nominal
ex « le loup »

Structures avec présentatifs
Reformulation surtout, ex : « (il) y a beaucoup de neige » ; « (il) y a des ptits arbres »

Syntagme
phrases avec présentatifs (c'est, là, voilà, il y a...)
Les verbes les plus utilisés sont : (aller, vouloir, faire, venir...)
Passage de l'obstacle du groupe nominal, les élèves sont capables de construire plus d'une proposition et cela leur permet d'intervenir efficacement.
Ils savent s'appuyer sur ce qui a déjà été dit. « et ben euh on dit (il) y a il a une queue mais par contre on dirait que sa!queue elle est un peu grosse » « je sais pourquoi la patte elle est penchée parce que peut-être il a mal à sa patte »

Reformulation,
Complémentation.
Apparition des connecteurs

L'allongement de l'énoncé en 3 plans (dire ce qui s'est passé, dire ce qui pourrait (alors) se passer, assumer son propos) ne relève pas d'une simple juxtaposition  mais  suppose  des  mécanismes d'insertion ou d'articulation qui en font toute la difficulté.
   
Les élèves décrivent et commencent à dire autre chose que ce qu'ils voient. A l'allongement de l'énoncé correspond une augmentation du nombre des connecteurs.
Les temps sont mieux employés, on trouve le passé composé pour les événements de premier plan « ils ont eu très peur ...» , des présents de vérité générale pour l'explication « quand ils plantent», ou des présents hypothétiques « s'il les mangent, ils peuvent plus vivre » .
Les premiers imparfaits et conditionnels apparaissent dans les 2ème plan et commentaires : avec des « eh ben alors ...» « moi aussi je voudrais dire quelque chose en fait on dirait qu'il regarde les traces; moi je pense que celui qui l'a fabriqué i (l) s'appelle Kévin »
Avril 2012 - Synthèse réalisée à partir de la conférence de Pierre PEROZ - MH OGER - IEN PE 72
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Rédigé par Vincent Leguy

M.A.J. le 23/07/2013

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